Le serpent qui danse
Page 1 sur 1
Le serpent qui danse
Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal
SPLEEN ET IDÉAL
XXVIII
LE SERPENT QUI DANSE
——
Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.
Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.
À te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.
Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !
J'ai été pêcher cela un peu au hasard sur Wikisource => Bibliothèque numérique gratuite
Sujets similaires
» Corps de femmes
» Danse-Degas
» Mes bonheurs du Web 3
» Cher, très cher, le plus cher du monde
» Danse Macabre (la mort inspire les artistes)
» Danse-Degas
» Mes bonheurs du Web 3
» Cher, très cher, le plus cher du monde
» Danse Macabre (la mort inspire les artistes)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum